The mystery play
The mystery play
Une Comics de Grant Morrison et Jon J Muth édité par Panini Comics
Quand l’acteur qui interprète Satan dans un festival sur la Renaissance, est accusé d’avoir assassiné celui qui jouait le rôle de Dieu, c’est tout un village qui se retrouve au bord de la destruction.
Un mystérieux détective tente de résoudre l’énigme pour sauver les habitants d’eux-mêmes, mais la révélation de l’identité du véritable meurtrier pourrait bien conduire le village à sa perte…Dieu est mort… Mais qui l’a tué ?…Lire The Mystery Play, mystérieuse expérience… On plonge d’abord avec délectation dans les peintures de Jon J. Muth : portraits hyperéalistes où les personnages prennent vie et accrochent notre regard par leurs expressions, leurs sourires, la lueur de leurs pupilles. L’artiste maîtrise si bien le clair-obscur, les cadrages et tout de ce que l’aquarelle peut créer comme effet (comme dans cette case où le suspect prend les traits du diable) que le lecteur est subjugué à chaque planche… Et puis, il y a cette histoire. Elle vient vous démanger comme une piqûre d’araignée. Elle vient vous rappeler vos derniers cauchemars. Une de celle qu’on relit une fois la dernière page tournée. Dans une petite ville anglaise, on rejoue des « mystères », saynètes religieuses mettant en scène les grandes figures de la Bible. Mais un soir, Dieu est assassiné… ou plutôt celui qui jouait son rôle. Grant Morrison nous entraîne alors dans le labyrinthe tortueux qui pourrait mener à l’élucidation du meurtre par Carpenter, flic atypique, suivie de près par une jeune journaliste en mal de scoop… Le lire comme un polar classique, c’est prendre le risque de n’y rien comprendre. Carpenter n’est pas ce qu’il prétend être, l’affaire ne ! sera jamais résolue, la journaliste le trahira…Mais le sens de l’œuvre ne réside pas dans ses péripéties. The Mystery Play est de ces œuvres qui contiennent en elle une adresse à l’intelligence du lecteur : la mise en abyme (l’œuvre qui raconte une pièce dans laquelle on joue des « mystères »), la figure littéraire féminine du dénouement et surtout la réécriture sociale de la passion du Christ dans une société corrompue, en manque de repère. Œuvre ouverte, résistante et subtile, The Mystery Play est peut-être ce qu’il y a eu de plus intelligent dans les parutions de cette année.Il y a bien quelque chose de David Lynch dans cet incontournable one-shot (vieux de 16 ans maintenant !… merci à Panini Comics de nous dénicher et de traduire les perles de chez Vertigo… Ah ! heureux qui n’a pas encore lu Sandman, Hellblazer et Preacher…), mais un David Lynch qui viendrait de relire une pièce (tiens, encore le théâtre…) de Paul Claudel.… Bruce